14ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 juin 2009Textes bibliques : Lire
Les lectures de ce jour nous montrent des gens qui parlent de la part de Dieu. Elles nous disent que le prophète est un homme saisi par Dieu, par l’Esprit de Dieu comme le prophète Ezéchiel. C’est un homme éclairé par une révélation comme Paul sur le chemin de Damas. c’est un homme envoyé vers ses frères pour leur parler de la part de Dieu malgré sa propre faiblesse. Alors on s’interroge: un homme saisi par Dieu et en qui on reconnaît une sagesse, un désintéressement, un amour des plus pauvres et un courage étonnant, d’où cela lui vient-il ?
C’est qu’en tout témoin, en tout prophète, il y a un grand contraste entre sa faiblesse d’homme et la grâce de Dieu qui se manifeste à travers lui. C’est que le prophète est un instrument, un signe. C’est par sa faiblesse qu’il est le frère des hommes en partageant avec eux toute la condition misérable. Et c’est par la puissance de l’Esprit de Dieu qu’il manifeste la présence et l’amour sauveur de Dieu. Le prophète est un signe du Dieu d’amour qui ne se résigne pas au malheur des hommes, mais un signe qui s’adresse à notre foi.
Jésus est LE prophète par excellence. Il est venu parler de la part de Dieu. Il a tellement pris notre condition d’hommes que les gens de Nazareth n’arrivent pas à le reconnaître. Pour eux il n’est que le fils du charpentier. C’est la faiblesse de Dieu qui prend le risque en s’approchant des hommes de ne pas être reconnu. C’est la faiblesse de Dieu qui prend le risque d’être rejeté et crucifié. C’est cela qui s’est passé en Jésus. Mais ce témoignage du Christ ne s’arrête pas à la mort. Il est ressuscité et Vivant.
Cette victoire est pour nous le point de départ d’une grande espérance. C’est de cette victoire, de cette foi au Dieu vivant que nous avons à témoigner en paroles et en actes. A la suite d’Ezéchiel, de Paul et de Jésus lui-même, nous sommes tous appelés à être, par toute notre vie, des témoins de Dieu pour aujourd’hui, des témoins de son amour. C’est Jésus lui-même qui l’a demandé à ses apôtres au jour de son Ascension. “Comme le Père… Allez, de toutes les nations faites des disciples…. je suis avec vous….”
Car Dieu n’a pas d’autres moyens de se faire connaître aux hommes en respectant leur liberté. Dieu a toujours un grand désir de communiquer avec nous. Mais pour cela, il a besoin de témoins, c’est à dire d’hommes, de femmes et d’enfants qui écoutent sa parole et se laissent guider par elle dans toute leur vie. Il a besoin d’hommes, de femmes et d’enfants pour qui Dieu est quelqu’un, quelqu’un de vivant, quelqu’un avec qui ils ont fait alliance, quelqu’un dont ils peuvent parler aux autres.
La foi que nous avons reçue, nous ne l’avons pas reçue pour nous tout seuls mais pour la communiquer. Il faut que tous ceux qui nous entourent puissent découvrir que Dieu c’est quelqu’un de vivant et qui les aime. Par notre baptême et notre confirmation, nous sommes appelés à être en ce monde des témoins du Dieu vivant, témoins de son amour, de sa présence et de son action dans notre vie et dans le monde. Il s’agit pour nous de vivre autrement, souvent à contre courant. N’ayons pas peur de montrer que nous sommes chrétiens, même si cela nous coûte parfois.
Bien sûr, comme les prophètes, nous risquons de connaître des difficultés. Ezéchiel se heurte à un refus du peuple choisi. Saint Paul mesure toute sa faiblesse d’homme pécheur et Jésus lui-même rencontre l’incroyance. “Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu”. Bien souvent, nous aussi, nous avons éprouvé cette difficulté à témoigner de notre foi dans notre milieu professionnel et même dans notre propre famille. Car c’est vrai, beaucoup de parents souffrent parce que leurs enfants se sont détournés du chemin de la foi. Mais rien ne peut arrêter la Parole de Dieu.
Cette vérité sur Dieu est une vérité qui dérange parce qu’elle vient bousculer nos habitudes, nos traditions et nos idées. Mais cette vérité, nous devons l’accueillir parce qu’elle vient de Dieu et parce qu’elle nous est transmise par l’Eglise. Cette Eglise de Jésus Christ n’est pas toujours comme nous le souhaiterions. Parfois nous assistons à des contre témoignages qui font mal. L’Eglise reste un peuple de pécheurs. Nous pouvons être tentés de la critiquer, de dire ce que nous pensons. Mais un enfant ne peut pas rompre le lien vital qui l’unit à sa mère.
Notre attachement à l’Eglise doit être plus fort que la critique ou la tentation de rupture. Dieu ne choisit pas ses envoyés parmi les meilleurs, mais bien souvent parmi les plus pauvres, parmi les pécheurs. Rappelons-nous une fois de plus que les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. Va; je t’envoie vers mon peuple”. C’est l’appel que Dieu continue à nous adresser aujourd’hui. En célébrant cette Eucharistie, nous demandons au Christ qu’il remplisse notre faiblesse de la puissance de sa résurrection afin que le monde croie à la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
D’après diverses sources
Magnifique homélie !
Monique
Merci de me compter parmi vos abonnés.
Très interressant pour les ADAP moi qui suis en formation de diaconat permanent;
Merci encore
Félicitations, Jean, pour cette homélie, pour l’image de s prophètes, pour l’image de Dieu que tu mets en valeur: si proche et si discret; le mélange en nous les prophètes d’aujourd’hui de la faiblesse humaine et de la force de l’Esprit, ou plutôt de la transparence de l’une en l’autre. Une toute petite suggestion : l’écharde dans la chair dont Paul voudrait être délivré a peu de chances d’être du domaine moral (tu parles de Paul pécheur), mais du domaine de son ministère: quelque chose de très proche (sa chair,sa parenté juive) résiste à l’Evangile) -de m^me Jésus à Nazareth – Mais le Seigneur lui promet la puissanc e de sa grâce précisément d&ns sa faiblesse – ce qui est un thème majeur de ton homélie.
Encore merci, Jean; heureux de communiquer avec toi. Paul BONY